La pauvreté en Islam, un déséquilibre social, mais pas une fatalité.(Partie 1).

La pauvreté en Islam, un déséquilibre social, mais pas une fatalité.(Partie 1).

Tout le monde parle de pauvreté et tout le monde semble dire être parmi les pauvres dans certaines localités et à certains endroits, surtout quand les partages de biens sont organisés.

La pauvreté ne devrait pas être utilisé comme un fonds de commerce ou une qualification pour bénéficier de biens ou échapper à certains paiements. La pauvreté est un sujet central en Islam. Il est abordé à la fois sur le plan spirituel, social et économique.

L’Islam offre une compréhension profonde de la pauvreté, propose des moyens de la mesurer, en analyse les causes et en souligne les conséquences, tout en encourageant des mesures correctrices en guise de solutions pour réduire ses effets sur les hommes et femmes. En Islam, la pauvreté est perçue comme une épreuve amère (fitna) pour le croyant ou le fidèle musulman.

C’est une situation qui nécessite une attention particulière de la part des familles, des communautés et des gouvernants. La pauvreté est considérée comme un défi à la fois pour les individus qui la subissent et pour la société qui doit y apporter des mesures correctrices en guise de réponse.

La pauvreté se définit comme un état d’une personne qui est permanemment ou ponctuellement dans le manque de biens matériels ou immatériels en vue de satisfaire ses besoins de base. On distingue ainsi la pauvreté sspirituelle, la pauvreté sociale et la pauvreté économique.

La pauvreté spirituelle peut être une épreuve divine pour tester la patience (sabr) et la gratitude (shukr) des croyants.

Quant à la pauvreté sociale, l’Islam insiste sur la responsabilité collective de s’occuper des pauvres et des nécessiteux. La charité (zakat, sadaqa) est un pilier fondamental de la foi musulmane.

La pauvreté économique est vue comme un déséquilibre qui doit être corrigé pour assurer la justice sociale dans la famille, la communauté ou la cité.

L’Islam ne propose pas une méthode de mesure précise de la pauvreté comme le font les indicateurs économiques modernes (tels que le seuil de pauvreté ou l’indice de développement humain).

Cependant, l’Islam définit la pauvreté en termes de besoins de base non satisfaits tels que les besoins de nourriture, de vêtement, de logement, d’éducation, de santé, de sécurité. Dans ce sens, si une personne ne peut pas subvenir à ces besoins de base, elle est considérée comme une personne pauvre. Sa situation de pauvreté est soit absolue ou relative en fonction de la fréquence de la non satisfaction des besoins de base.

En tout état de cause, une personne pauvre en islam est celle qui ne peut se garantir la satisfaction de ses besoins de base du lendemain après avoir satisfait lesdits besoins du jour. Il pourrait s’agir de repas, de santé, de sécurité, etc. cette personne se trouve ainsi dans l’incertitude dans la satisfaction de ses besoins de base.

Par ailleurs, l’absence de l’éducation et des moyens financiers bien que ces aspects ne soient pas explicitement mentionnés dans les textes classiques de l’Islam, ils sont implicitement reconnus comme essentiels pour une vie digne du croyant ou du fidèle musulman.

A cet effet, une personne qui dépend de la charité pour survivre est considérée comme une personne pauvre socialement suivant la classification de la pauvreté.

Les causes de la pauvreté en Islam sont multiples et peuvent être d’ordre individuel, social ou structurel.

La pauvreté est souvent causée par les effets pervers liés à l’injustice, la corruption, la paresse, la négligence, les catastrophes naturelles ou les crises économiques, le manque de solidarité sociale et la faiblesse de la politique sociale dans les familles, les communautés et les cités.

C’est ainsi que l’accumulation des richesses par une minorité au détriment de la majorité, qui pourrait être un facteur d’appauvrissement de ladite majorité, est condamnée dans le Coran notamment dans la sourate « Al-Humazah ».

En outre, la paresse et la négligence, sont des facteurs de pauvreté bien que l’Islam encourage le travail et insiste également sur l’importance du travail et de l’effort pour subvenir à ses besoins et à ceux de ses proches. Les catastrophes naturelles ou les crises économiques sont aussi des événements qui peuvent plonger des personnes, des familles ou des communautés entières dans la pauvreté ou la précarité.

Enfin, le manque de solidarité sociale traduit par l’absence de redistribution des richesses (via la zakat ou d’autres formes de charité) ppourrait aggraver la pauvreté ou la précarité chez les personnes vulnérables telles que les veuves, les orphelins, les malades, les enfants abandonnés, etc. La pauvreté a des conséquences graves, tant sur le plan individuel que collectif.

Il s’agit des conséquences spirituelles, sociales et économiques. Ainsi, les conséquences spirituelles de la pauvreté pourraient être vues dans le cas où certains pauvres pourraient se conduire à l’ingratitude envers Allah ou à la désespérance, bien que la pauvreté puisse aussi favoriser le renforcement de la Foi et de la patience du croyant ou du fidèle musulman. Les conséquences sociales de la pauvreté pourraient être vues dans les cas où la pauvreté pourrait engendrer des inégalités, des tensions sociales et même la criminalité au sein de la société.

Les conséquences économiques de la pauvreté pourraient être vues dans les cas où la pauvreté pourrait favoriser la réduction de la productivité et limiter ainsi le développement économique et social d’une personne, d’une famille, d’une communauté ou d’une cité. Les conséquences morales de la pauvreté pourraient être vues dans les cas où la pauvreté pourrait pousser les personnes à adopter des comportements immoraux notamment le vol, la mendicité, la prostitution, le banditisme, les arnaques, etc.

En vue de survivre et satisfaire leurs besoins de base. Face à cette pauvreté, la solidarité des personnes, des familles, des communautés et de la cité devrait être active afin d’apporter des mesures correctrices permanentes ou ponctuelles à ce phénomène humain et mondial.

Il s’agit de donner une partie de ce qu’on a comme biens pour aider les personnes pauvres ou en situation de précarité à satisfaire leurs besoins de base. Il est aussi nécessaire d’éviter de se proclamer pauvre dans le but de bénéficier de biens matériels ou immatériels et prendre la place des vrais pauvres. Dans ce sens, la patience et la contenance sont fortement recommandés comme comportements à adopter.

Conclusion:

En Islam, la pauvreté n’est pas une fatalité, mais un défi à relever grâce à la solidarité, la justice et la foi. Les textes islamiques appellent à une approche équilibrée, combinant efforts individuels et responsabilité collective, pour éradiquer la pauvreté et garantir une vie digne à tous.

En résumé, le musulman doit savoir que la pauvreté, la richesse, le don et la privation sont décrétés par Allah le Très-Haut. le croyant ou le fidèle musulman devrait endurer les maux qui s’abattent sur lui et être reconnaissant envers Allah en cas de bonheur.

Encore faut-il qu’il s’efforce d’exercer un métier ou un travail pour se soustraire à la pauvreté et en débarrasser les siens. Ceux qui en sont incapables à cause d’un handicap ou de la situation de leur famille, communauté ou cité, l’Islam leur vient en secours par le biais de la Zakat et les aumônes des riches qui reviennent de droit aux pauvres.

La lutte contre la pauvreté ou la précarité est donc à la fois un devoir religieux et un impératif moral pour les musulmans pris individuellement et collectivement afin de contribuer à l’amélioration des conditions de vie, propices à une bonne adoration de Dieu.

Halidou OUEDRAOGOEconomiste, financierouedhali@yahoo.fr

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