La ZAKAT EL FITR : Défi de collecte malgré son impact social avéré sur la précarité au Burkina Faso.

La « Zakat El-Fitr » ou simplement l’«Aumône de la rupture du jeûne de Ramadan» est une obligation religieuse en Islam, prescrite pour purifier le jeûneur des imperfections commises pendant le Ramadan et pour venir en aide aux nécessiteux.
Elle constitue un acte de solidarité, de partage avant la célébration de l’Aïd el-Fitr et de réduction de la précarité dans la communauté des musulmans. La Zakat el-Fitr est une aumône obligatoire que tout musulman doit s’acquitter avant la prière de l’Aïd el-Fitr.
Son but principal est : de Purifier le jeûne du mois de Ramadan des paroles futiles ou des actes répréhensibles commis pendant le Ramadan et de d’aider les pauvres à célébrer l’Aïd dans la dignité.
En effet, le Prophète ﷺ disait que « Le jeûne du mois de Ramadan reste suspendu entre le ciel et la terre, et il n’est élevé vers Allah qu’avec la Zakat el-Fitr. » Selon le récit rapporté par Ibn Abbas.
La Zakat El Fitr est ainsi, une aumône considérée comme un complément spirituel du jeûne.
La Zakat el-Fitr est obligatoire pour tout musulman, libre, ayant de quoi se nourrir pour lui et sa famille(épouses, enfants, parents nécessiteux sous sa responsabilité et autres personnes sous sa responsabilité), au-delà du jour de l’Aïd ou de la fête de fin de Ramadan.
La Période recommandée pour le paiement est celle comprise entre le coucher du soleil du dernier jour de Ramadan et la prière de l’Aïd ou la fête de fin de Ramadan.
La période permise est quelques jours avant l’Aïd (selon certains savants) de l’Islam. En cas de paiement tardif, c’est-à-dire si elle n’est pas donnée à temps, elle reste une dette envers les pauvres.
L’objectif de la Zakat El Fitr est de fournir aux nécessiteux et aux pauvres de la nourriture à la fin du Mois de Ramadan et leur permettre de participer pleinement à la réjouissance populaire. Pour ce faire, elle est basée sur le prélèvement de catégories de biens rentrant dans la nourriture des populations de la localité où elle est prélevée.
A cet effet, son acquittement doit se faire prioritaire en nature ou nourriture de base. Ainsi, la quantité selon la mesure traditionnelle est de un(1) Sa’a, équivalent à environ 2,5 à 3 kg de nourriture de base notamment le riz, les dattes, les mais, le mil, le blé, etc.).
Cependant, compte tenu du contexte des pays actuels fortement monétarisés, l’usage de l’équivalent monétaire, selon des écoles juridiques, en Islam, est faisable. Ainsi, les valeurs monétaires équivalentes aux prix de cession des quantités de biens ou de nourriture, pourraient être prélevées. Elle varie selon les pays en fonction des prix des biens ou de la nourriture disponible dans la localité.
En effet, selon les écoles juridiques, il existe des différences dans les modalités d’acquittement de la Zakat El Fitr. Pour les Malikites et Hanafites, l’acquittement de la Zakat El Fitr pourrait être fait en espèce sonnantes et trébuchantes c’est-à-dire en valeur monétaire. Pour les Chafiites et Hanbalites, l’acquittement préféré est sous forme de nourriture. Il appartient donc aux autorités religieuses de faire le choix en fonction du contexte.
La Zakat El Fitr est destinée exclusivement aux pauvres et nécessiteux, contrairement à la Zakat Classique ou l’Aumône légale qui a huit(08) catégories de bénéficiaires, selon le Coran.
Par ailleurs, la priorité dans la distribution doit être respectée. En termes de priorité dans la répartition de la Zakat El Fitr, la priorité est donnée aux proches dans le besoin (voisins, famille) et aux nécessiteux de sa localité avant d’en donner ailleurs.
Certains fidèles musulmans font des erreurs qui pourraient compromettre les effets spirituels recherchés ainsi que l’impact social visé.
Il s’agit de retarder l’acquittement de la Zakat El Fitr, après la prière de l’Aïd, par soi même ; de donner à des personnes non bénéficiaires c’est-à-dire des personnes non éligibles et de négliger la Zakat El Fitr pour soi et sa famille.
Malgré les efforts fournis par certaines personnes physiques et personnes morales notamment dans la sensibilisation, la collecte et la répartition de la Zakat El Fitr, force est de constater que la collecte reste un défi au Burkina Faso en milieu urbain et en milieu rural.
En effet, plusieurs fidèles musulmans se disant pauvres et nécessiteux ne s’acquittent pas de la Zakat El Fitr. Ils pensent à tort ou à raison qu’ils ne sont pas des contribuables ou éligibles à l’acquittement de la Zakat El Fitr, compte tenu de leur situation sociale et leur niveau de vie.
Cette situation amène à faire un cadrage contextuel afin d’orienter l’ensemble des membres de la communauté des musulmans sur l’acquittement de la Zakat El Fitr d’une part et de mieux organiser sa collecte et sa répartition dans les quartiers, les villages et les cités pour le grand bonheur de la communauté.
En l’absence de statistiques officielles, il est difficile de faire des analyses sur l’impact social de la Zakat El Fitr et sur les contribuables ou les personnes ayant acquitté leur Zakat ainsi que les personnes bénéficiaires.
L’organisation étant la clé de la prise en charge optimale de certaines actions et mesures, il est nécessaire que les autorités religieuses compétentes prennent leur responsabilité dans l’opérationnalisation de la Zakat El Fitr, notamment la sensibilisation, la collecte et la répartition au profit de la communauté islamique et de l’ensemble des musulmans.
La Zakat El Fitr est un pilier social et spirituel de l’Islam, permettant de purifier le jeûne du mois de Ramadan et de renforcer la solidarité entre les membres de la communauté des musulmans.
Son acquittement à temps est une obligation pour tout musulman ou toute musulmane sauf celui ou celle qui est nécessiteux, pauvre et démunis et n’ayant pas de quoi se nourrir pour lui et sa famille (épouses, les enfants, les parents nécessiteux sous sa responsabilité et autres personnes sous sa responsabilité) au-delà du jour de l’Aïd ou de la fête de fin de Ramadan.
Qu’Allah nous permette d’accomplir cette obligation correctement et de partager la joie de l’Aïd avec les plus démunis.
Halidou OUEDRAOGO Economiste, Financier
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